LaVita : redonner le goût de vivre aux jeunes en détresse psychologique

L’association laVita, soutenue par la Fondation Notre Dame, propose aux jeunes en situation de grande souffrance psychologique un parcours de soins complet et gratuit.

« Je ne voyais plus l’intérêt de rien. J’avais arrêté de parler à mes amies, je n’avais plus envie d’aller en cours. Chaque matin, c’était un effort insurmontable de me lever. J’avais des idées noires, mais je n’osais en parler à personne. » Inès, 14 ans

Les adolescents en grande souffrance psychologique sont légion.

Il y en a dans la plupart des familles, salles de classe, clubs de sport. […]

Le suicide est la deuxième cause de décès chez les 15-24 ans, période cruciale où l’on se construit. Repérer leur détresse pour les accompagner est un enjeu de société.

Créée en 2015, l’association laVita soutient les jeunes de 13 à 25 ans confrontés à des troubles tels que dépression, addictions, troubles alimentaires ou idées suicidaires. Grâce à ses partenaires financiers, comme la Fondation Notre Dame, elle propose un parcours de soins entièrement gratuit, déjà suivi par plus de 900 jeunes. Ce programme repose sur un réseau de psychologues et de psychiatres.

 

« Ce n’était pas juste un problème de drogue, c’était un truc plus profond. J’ai commencé un suivi avec un psy et un addictologue. J’ai appris à gérer autrement mon stress et mes angoisses. » Léo, 16 ans

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Une nouvelle façon d’aider

Le modèle d’accompagnement laVita est une innovation majeure dans la prévention du suicide chez les jeunes en France, avec une prise en charge rapide et pluridisciplinaire comprenant 16 consultations psychologiques, 2 bilans psychopathologiques, 1 entretien parental et 1 examen médical. La gratuité rend cet accompagnement accessible à tous car le frein financier est souvent puissant.

« Quand je suis arrivée à laVita, je n’allais plus en cours depuis trois mois. Je restais enfermée dans ma chambre, je pleurais souvent sans raison, je n’avais plus envie de voir personne. Je pensais que c’était moi le problème, que je n’étais pas assez bien, pas assez intéressante, que je ne servais à rien. » Sarah, 14 ans

 

Les étapes du parcours sont les suivantes :

  1. Orientation : un jeune en souffrance est repéré par une personne de confiance (enseignant, infirmière, médecin, etc.) qui l’oriente et lui fait remplir un formulaire laVita.
  2. Premier contact : un entretien est organisé sous 72 heures avec un psychologue de proximité qui lui présente le parcours.
  3. Premier bilan : un bilan approfondi, avec tests adaptés, est réalisé pour déterminer les particularités du fonctionnement cognitif, intellectuel et psychologique du jeune, afin de définir les objectifs du travail thérapeutique qui sera mené par le psychologue et éviter de passer à côté de troubles psychiques. Un examen médical complet est effectué par un médecin généraliste afin d’identifier tout problème somatique éventuel.
  4. Séances de psychothérapie : 16 séances de psychothérapie sont mises en place, pouvant intégrer des séances de remédiation cognitive réalisées par un neuropsychologue. Ce travail permet de réfléchir sur soi-même, d’identifier ses problèmes, de savoir qui l’on est, d’effectuer un diagnostic de son être et de restaurer l’estime de soi.
  5. Bilan final : à l’issue du parcours, le jeune effectue une dernière évaluation qui valide sa capacité à affronter son quotidien, à améliorer ses relations interpersonnelles et à favoriser son rétablissement.

 

Ce dispositif vise à prévenir les troubles psychiques chez les jeunes et leur redonner confiance. Les témoignages des patients montrent que le dispositif est efficace. La prise en charge rapide, par une équipe pluridisciplinaire, l’approche personnalisée et le parcours complet ont un impact réel : après 4 à 6 mois, les jeunes vont mieux, retrouvent de l’espoir et peuvent envisager plus sereinement leur avenir.

« Depuis des années, je traînais un mal-être que je n’arrivais pas à expliquer. Insomnies, crises d’angoisse, peur du regard des autres… Je pensais que c’était normal, que c’était juste mon caractère. Mais au fond, je savais que quelque chose n’allait pas. Un ami m’a parlé de laVita, et j’ai décidé d’essayer. Aujourd’hui, grâce au suivi, je me sens plus fort. J’ai repris confiance en moi, et même si le chemin est encore long, je sais que je suis capable. » Thomas, 22 ans

Questions à Arnaud, 22 ans, qui a suivi le parcours laVita

Comment vous décririez-vous avant de commencer le parcours laVita ? J’étais dans un trouble d’anxiété généralisée, j’avais crises de panique, des crises d’angoisse. J’étais dépressif, je prenais des médicaments, c’était une période très difficile à traverser. Je suis arrivé dans un piteux état psychologique, j’avais urgemment besoin d’aide. Rien ne fonctionnait, j’avais besoin que quelqu’un sauve ma vie. C’était vraiment un cas de gestion de crise.

 

Qui vous en a parlé ? Une association que j’ai contactée, qui s’appelle l’UNAFAM (Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques), m’a orienté vers laVita.

 

Qu’avez-vous pensé de la prise en charge et du suivi ? Avant laVita, j’avais vécu des années d’errance médicale à voir des psychologues et des psychiatres à droite et à gauche, dans des services psychiatriques hospitaliers, sans aucune amélioration. Les gens sont de bonne volonté, tout le monde a à cœur d’aider, mais il y a des problèmes de moyens, de structuration, d’organisation et de prise en charge. Je n’avais jamais été bien pris en charge avant. Avec le docteur Guy Benamozig, j’ai tout de suite eu des rendez-vous toutes les semaines. Ça, c’est extrêmement important. Les temps d’attente sont trop longs, habituellement. L’association laVita a été pensée pour être efficace. On oublie parfois que la finalité c’est d’aller mieux psychologiquement. Est-ce que ça fonctionne ? Est-ce que je vais mieux ? Lorsque j’ai été pris en charge par laVita, j’ai tout de suite eu l’impression d’être mis sur des rails vers du mieux.

 

Allez-vous mieux ? J’ai toujours des hauts et des bas, j’aurai mes pathologies à vie, mais la grosse différence, c’est que ce suivi m’a aidé à traverser cette période sans que ce soit trop catastrophique. Ce que j’ai ne va pas disparaître mais c’est quelque chose qu’on peut accompagner, apprivoiser, on peut aider les patients dans ma situation à traverser ce qu’ils vivent de façon plus légère. Je me sens mieux, je me sens plus léger.

 

Qu’avez-vous pensé de la gratuité du parcours laVita ? C’est évidemment un autre atout. C’est compliqué de bien se soigner dans le monde de la psychologie et de la psychiatrie et j’ai souvent constaté que je n’étais jamais bien soigné quand je ne payais pas. Dès que j’arrivais dans des services gratuits, c’était la débandade et mon cas n’avançait pas. C’est uniquement quand je payais que j’avais l’impression d’être face à quelqu’un de compétent. À laVita c’était une toute nouvelle manière de voir les choses, c’était gratuit et bien plus efficace qu’avant. Ça donne de l’espoir, ils ont les clefs pour que ça fonctionne.

Propos recueillis par Maëlle Daviet

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