Créée en mars 2021, Acaci’Art organise des animations street art dans les écoles mais aussi auprès de personnes en situation de handicap ou âgées en Île-de-France. Cet été, grâce au soutien de la Fondation Notre Dame, l’association propose des ateliers d’art à 600 jeunes âgés de 8 à 18 ans et issus de quartiers prioritaires.
Quelques minutes suffisent depuis la station de RER pour rejoindre le lieu des activités, en plein centre de La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Un groupe d’enfants, pochoirs et bombes de peinture à la main, nous accueillent, devant les portes du local de la structure partenaire. C’est ici que l’association Acaci’Art a établi son atelier en plein air pour les trois premières semaines de juillet.
Damien Le Nourichel, son président, supervise les ateliers de l’après-midi. « Les enfants ont avancé sur les fresques. Ils customisent actuellement des objets, comme les vinyles qu’on leur fournit ou bien cette casquette, apportée par la demoiselle » explique-t-il en circulant entre les tables prévues à cet effet.
Un projet de grande envergure à l’échelle du département
À ses côtés, le street artiste Cyril Larvor guide le geste d’un garçon qui s’essaye à la bombe de peinture. « Cela fait deux ans que je collabore avec Damien en tant qu’artiste intervenant. Nous avons commencé par des ateliers le week-end avant de nous associer à des écoles. Dans le cadre des ateliers de l’été, nous travaillons avec des groupes de jeunes des villes de La Courneuve, Stains et Saint-Denis. À chaque fois, on s’adapte aux spécificités de la ville comme ici à La Courneuve où l’association locale nous accueille et fait venir les enfants du quartier par le bouche-à-l’oreille. »
Ce projet collectif d’envergure, né dans l’esprit de Damien, a nécessité une importante préparation. « Nous avons contacté les centres de loisirs de la région pour leur présenter les ateliers de l’été et proposer à ceux qui les fréquentent de s’y inscrire gratuitement. »
La formule a séduit l’Office HLM Plaine Commune Habitat qui a autorisé l’exécution des fresques sur les murs de ses immeubles. « Il était important de s’associer dès le départ avec un bailleur-propriétaire possédant suffisamment de patrimoine à l’échelle du département pour nous proposer des sites sur lesquels on pouvait peindre sans difficulté » précise-t-il.
L’apprentissage de la pratique artistique
Emmanuelle, également artiste, encadre une partie du groupe dans la peinture de la grande fresque murale. Légèrement en retrait, elle regarde avec attention les progrès déjà réalisés depuis le démarrage de l’atelier, la semaine précédente. Un vaste paysage coloré prend forme sous ses yeux. « Quand on arrive sur le terrain, on ne sait pas du tout à quoi va ressembler le mur. Ici, par exemple, il était entièrement gris. On commence par choisir un thème, puis on propose aux enfants des exercices. L’objectif est à la fois de guider la pratique, qui repose sur une certaine dextérité, et de proposer l’apprentissage de différentes techniques » détaille la plasticienne qui accompagne par ailleurs le groupe dans la conception de grandes plumes et d’oiseaux sur le mur d’à côté.
« Les jeunes sont ravis car il y a un côté très spontané. Il y a aussi un effet transgressif à peindre sur les murs ! La magie de la création et l’inattendu du résultat produisent chez eux un réel intérêt. L’absence de cadre scolaire et l’effet de groupe favorisent la prise de confiance de chacun. La réussite individuelle et la pression sont moindres » analyse-t-elle.
Les effets de superposition et de décalage produits par l’application des pochoirs sur les murs réservent des surprises et encouragent les apprentis grapheurs à poursuivre leurs efforts. « C’est un nouveau terrain de jeu à chaque fois, en fonction de l’âge des groupes et des possibilités offertes par le lieu qui accueille l’association itinérante, composée des artistes, acteurs du projet. Une vraie expérimentation ! » comme le fait remarquer Emmanuelle.
« Mes amis ne me croyaient pas quand je leur disais que je faisais peindre du van Gogh aux enfants de La Courneuve ! »
– Damien Le Nourichel –
« Créer un espace d’intérêt dans la ville »
La satisfaction du résultat obtenu au bout de quelques heures de travail se lit sur le visage des enfants comme sur celui des trois encadrants. « Nous faisons entrer l’art par la petite porte avec ces ateliers, estime Emmanuelle. Même si l’enfant garde seulement le souvenir d’avoir dessiné sur les murs, il portera peut-être un regard différent sur la peinture à l’avenir. Et, pourquoi pas, susciter des vocations ou des études artistiques pour certains ! »
Un sentiment partagé par Cyril. « Ce sont les enfants du coin qui refont les murs. Quand ils vont grandir, ils pourront dire : ‘j’ai fait ça !’ » La présence quotidienne de la petite équipe favorise les échanges avec les usagers du site. « Les habitants sont très contents car on implique leurs enfants dans la revalorisation du quartier », témoigne Damien.
La démarche créative s’intègre à l’intérieur d’un lieu d’habitation. « L’idée est de créer un espace d’intérêt dans la ville, complète Emmanuelle. Si les enfants viennent se prendre en photo, si ça génère un autre usage de l’espace, c’est gagné ! »
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