Initiée il y a 12 ans, l’opération « Hiver Solidaire » permet chaque année à plus de 250 personnes sans-abri de bénéficier, pendant les mois d’hiver, d’un accueil fraternel dans une ambiance chaleureuse, d’un lit dans un lieu chauffé, ainsi que d’un dîner et un petit déjeuner.
En 2019-2020, 38 paroisses parisiennes ont participé à cet accueil des personnes de la rue qui s’étend de mi-décembre à mi-mars, une opération marquée par le confinement.
Au moment où se prépare le redémarrage d’Hiver Solidaire, la crises sanitaire impose de sérieuses contraintes organisationnelles.
Hiver Solidaire : qu’est-ce que c’est ?
Un accueil comme en famille
Pour favoriser l’atmosphère familiale, les personnes accueillies dans chaque paroisse sont volontairement peu nombreuses et les mêmes pendant tout l’hiver. C’est aussi un petit nombre de bénévoles qui sont présents le soir pour dîner, dormir sur place, et le matin pour le petit-déjeuner. Autour de la table, on partage le repas, on s’écoute, on se livre… Au fil des semaines, des liens se tissent qui peuvent se prolonger de différentes manières après l’opération (dîners, accompagnement individuel…).
Outre la proposition d’un abri, l’objectif est, grâce aux relations établies dans la durée entre bénévoles et personnes sans-abri, d’aider ces dernières à reprendre confiance en elles et à avancer dans leur réinsertion.
Quel impact pour les sans-abri parisiens ?
En dehors de l’hébergement proprement dit, « Hiver Solidaire » cherche à inciter les personnes sans-abri à bénéficier d’un suivi, élément indispensable pour avancer vers la sortie de rue. Pour cela, des travailleurs sociaux interviennent dans le cadre de l’opération.
À l’issue de l’opération 2019-2020, 121 personnes ont pu trouver un toit (83 dans un hébergement pérenne, 38 en hébergement d’urgence ou à l’hôtel), mais aussi 78 personnes hébergées qui ne bénéficiaient d’aucun référent social ont entamé un accompagnement.
Hiver Solidaire 2019-2020 en quelques chiffres
L’évènement marquant d’Hiver Solidaire 2019-2020 fut le confinement, survenu à la fin de l’opération. 21 paroisses ont décidé de surseoir à la fermeture programmée de l’accueil et d’adapter leur dispositif jusqu’en mai, voire pour certaines jusqu’à fin juin.
Par endroits, de jeunes professionnels et/ou des prêtres se sont confinés avec les personnes accueillies. Ailleurs, ces dernières ont vécu en relative autonomie dans des locaux paroissiaux ou ont été accueillies dans des familles. Les difficultés n’ont pas manqué mais de beaux moments de fraternité et de découvertes mutuelles ont été vécus durant cette période.
Depuis 2013, la Fondation Notre Dame a apporté son soutien à plus de 20 projets dans le cadre de l’opération Hiver Solidaire, pour un montant de plus de 243 000 euros. Elle a notamment contribué au financement :
- de charges d’occupation des locaux et du renouvellement du matériel pour le couchage (sacs de couchage, lits de camp…) : associations Jeunesse Saint-Vincent de Paul (10e) et Hiver solidaire – Saint Vincent de Paul (10e)
- de travaux et de matériel pour l’aménagement de locaux (création ou rénovation de sanitaires, peinture, achat de meubles de rangement…) : associations Solidarité Sainte-Jeanne de Chantal (16e) et Bel Air (12e)
Ils témoignent
Pascal Blavot, responsable d’Hiver Solidaire – À propos de l’Opération 2020-2021
Nous allons tout faire pour accueillir les personnes dans les paroisses cet hiver, sans baisser les bras.
Jacques – Bénéficiaire
Jacques Laurent, sans-domicile fixe, a pu bénéficier de l’opération « Hiver Solidaire » en 2016. Il raconte cette expérience qui a bouleversé sa vie.
Hiver Solidaire nous redonne vie sans nous poser de questions.
Rémy – Bénévole
Paroissien à Saint-Georges de la Villette (19e) depuis près de 10 ans, Rémy, 37 ans cherchait à rendre service d’une manière concrète et collective.
C’est un lieu pour respirer et se reconstruire.
Lire le témoignage de Rémy
« Rendre service en passant une nuit à la Paroisse … quoi de plus simple pour aider que de dormir ! »
Dans le cadre d’Hiver Solidaire, la paroisse Saint-Georges s’est engagée à accueillir 3 sans-abri réguliers. Se retrouver dans un lieu chauffé et une ambiance chaleureuse pour dîner, passer la nuit et partager un petit déjeuner pendant les mois d’hiver, c’est ce qui leur est proposé. Pour que le projet puisse exister, des paroissiens se relaient pour partager le dîner et / ou pour passer la nuit. Rémy a passé plusieurs nuits avec les accueillis.
Témoignage de Rémy (extrait)
Rémy, avec au départ quelques appréhensions relatives à la promiscuité et la tranquillité, a trouvé qu’Hiver Solidaire lui demandait une aide d’une réelle simplicité : « dormir, rien de plus simple. C’est une manière de veiller sur nos frères, dans tous les sens du terme. L’organisation est très souple, il suffit de s’inscrire aux dates disponibles sur le planning. »
Concrètement ? Arrivé vers 21 heures alors que le dîner se terminait, Rémy s’est installé pour la nuit dans l’un des lits tout en échangeant avec les accueillis. « Ils sont souvent fatigués de leur journée dans la rue ; ils ont besoin de se coucher tôt. » confie-t-il. C’est un moment avec peu de discussions mais la présence compte beaucoup ; c’est paisible, tranquille et rempli de confiance mutuelle. »
« C’est un lieu pour respirer et se reconstruire »
« Nous permettons aux accueillis de passer une bonne nuit de repos, c’est peu mais sans doute beaucoup pour eux. J’ai pu moi-même être un peu gêné la première nuit par les bruits de l’avenue Simon Bolivar que je pouvais entendre depuis l’intérieur de la paroisse. J’ai pris conscience que vivre dans la rue, c’est vivre en permanence dans le bruit. Avoir un toit a pris tout son sens. »
Photo : Charles Plumey