Parmi la douzaine de salariés de ce restaurant inclusif pas comme les autres, situé à l’angle du boulevard Pasteur et de la rue Falguière, huit, âgés de 18 à 21 ans, sont porteurs de troubles liés au spectre de l’autisme.
Ils occupent, en salle comme en cuisine, des postes adaptés aux spécificités de chacun, grâce à des aménagements des outils et une organisation du travail spécialement adaptés à ce type de handicap.
La prévalence totale des nouveau-nés ou fœtus porteurs d’anomalies congénitales est estimée, à 3,3 cas pour 1 000 naissances en France ; soit environ 27 000 cas relevés par an. Des signes communs se manifestent, parfois discrètement, derrière les yeux immuablement souriants, des jeunes serveurs professionnels et attentionnés, employés à la Belle Étincelle. Du moins, ceux qui sont accompagnés par des psychologues et des éducateurs spécialisés.
Les clients les plus observateurs, au moment de s’extraire, à regret, du cadre chaleureux de cet endroit atypique témoignent de l’incroyable variabilité du caractère de ces jeunes gens, qu’on appelle, ici, des équipiers. Et lorsque les hôtes, visiblement très satisfaits, s’apprêtent à régler l’addition, tous sont unanimes : les excellentes notes recueillies par La Belle Étincelle auprès des clients de Tripadvisor, en témoignent : 5/5 pour la cuisine, le service et le rapport qualité-prix !
« Vous me demandez si les notes qui ont été attribuées à notre restaurant sont méritées ? Ici, on fait ce qu’on peut pour ne pas faire attendre les clients. Et pourtant, c’est rare qu’on casse un verre ou qu’on fasse tomber une fourchette par terre ! C’est parce que personne ne nous met la pression. Il n’y a pas de stress parmi les équipiers. Au début, tout le monde n’est pas capable de tenir un bar et de servir le vin à table. Mais ça s’apprend » glisse Pierrot, 21 ans, serveur et barman.
Un soutien pour continuer à faire briller le restaurant
Dans ces conditions, comment La Fondation Notre Dame aurait-elle pu ne pas apporter un soutien spontané et significatif (11 277 euros), à l’association Tremplin Extraordinaire, gestionnaire du restaurant la Belle Étincelle qui a pu, ainsi, renouveler le matériel de cuisson devenu inadapté, et soutenir les formations diplômantes obligatoires de ses employés, afin d’étendre les plages d’ouverture du restaurant, tout en se conformant à la règlementation en vigueur.
Alors un midi, l’équipe de la Fondation Notre Dame a décidé d’aller à leur rencontre. Elle a interrogé celles et ceux qui sont chargés de programmer les menus, gérer les stocks, prendre les commandes, accueillir et servir les clients, cuisiner les plats, et entretenir une hygiène irréprochable dans l’ensemble des locaux.
« J’ai ressenti le besoin, après diverses expériences professionnelles dans le conseil en ressources humaines et dans le management de deux grands restaurants, de mettre concrètement ces acquis, au service des plus fragiles. Je n’étais pas attiré par le monde associatif ; pourtant La Belle Étincelle s’est imposée à moi, comme une évidence : un moyen de porter tous ensembles, un projet professionnel exigeant et valorisant partagé avec des équipiers, riches de talents et pleins d’énergie. »
« Une équipe vraiment extraordinaire ! »
Bienveillance et générosité sont les valeurs qui animent l’équipe en cette fin de matinée. Michel interpelle l’un des équipiers : « Arthur, je te préviens : il n’y aura pas de coca, pour ceux qui font des histoires ! ». Le message est passé. Arthur a immédiatement retrouvé son beau sourire. Le jeune homme s’empresse d’aller donner un coup de main à Jorge Fernandes, 48 ans, le chef de cuisine de l’établissement. Lui aussi a décidé de mettre une expertise, acquise au sein de grands groupes à l’international, au service de la Belle Étincelle. La carte qu’il a concoctée en porte les marques.
« Comme tous ceux qui ne l’avaient jamais vraiment expérimenté, j’avais la trouille d’être confronté au handicap » nous a confié ce manager, pourtant expérimenté. « Imaginez 8 coffres forts fermés, comme ça, devant vous, chacun avec sa combinaison. Eh bien, ce n’est pas pour me vanter, j’ai testé plusieurs clés, plusieurs combinaisons… et vous ne pouvez pas imaginer le bonheur et la joie que j’ai ressenti le jour où toutes ces combinaisons différentes, se sont ouvertes, avec la bonne clef dans la bonne serrure ! ».
Le succès de cette bonne entente se lit sur le visage de Madeleine, 26 ans. La jeune femme a rejoint l’équipe en salle il y a trois ans. Son témoignage est une invitation à venir découvrir le restaurant.
« Pour moi, la principale qualité pour bien assurer le service en salle, c’est d’avoir une bonne résistance physique. Oui, dites leur bien merci, de notre part, aux personnes qui nous soutiennent. Dites-leur : Venez nous voir ! Mais attention, faut bien réserver, parce que c’est toujours plein. »
Photos : FND © DR