Depuis plus de 10 ans que la Bagagerie d’Antigel (15e) existe, elle en a vu passer du monde ! Ouverte le matin et le soir, 7 jours sur 7, 365 jours par an, elle a permis à bien des personnes sans-abri de déposer leurs sacs en sécurité, pour bouger librement en journée ou éviter de se faire voler la nuit. Mais au-delà des 48 casiers nominatifs qu’elle met à disposition, la Bagagerie est avant tout un lieu où se poser, dialoguer et se remettre en marche.
La Bagagerie d’Antigel : redonner goût à la vie
Témoignage de Guillaume Huot – Vice-président
À l’origine, nous étions un petit groupe à faire des maraudes dans le 15e pour aller à la rencontre des personnes à la rue. Nous avons démarré en hiver avant de nous structurer pour assurer des tournées tout au long de l’année. En échangeant avec ces personnes, nous avons réalisé que le froid n’est pas leur seul ennemi. Plus que tout, elles ont besoin de poser leurs bagages. Impossible pour quelqu’un qui a 25 kilos sur lui d’avoir une vie professionnelle ou sociale. Ça a été le point de départ de l’association co-créée il y a douze ans avec des personnes à la rue.
Aujourd’hui, grâce à la mobilisation de 90 bénévoles qui se relaient deux fois par jour, la Bagagerie peut recevoir environ 50 personnes qui bénéficient d’un espace bagage où elles peuvent laisser leurs affaires en toute sécurité. L’accueil se fait de manière inconditionnelle. Une fois acceptées, les personnes peuvent rester autant qu’elles le souhaitent. L’absence de limite temporelle leur donne le temps pour se remettre en mouvement.
Plus que les bagages, notre volonté est de remettre en selle les personnes à la rue par l’organisation d’ateliers ou de sorties dans de beaux endroits. En donnant à voir de belles choses, on leur redonne goût à la vie. Des séjours de rupture leur sont également proposés. Pendant quelques jours, les accueillis bénéficient d’activités en extérieur qui leur font prendre conscience que la rue n’est pas une fatalité.
Ces activités favorisent la vie fraternelle au sein de la Bagagerie qui devient un lieu où les accueillis se trouvent bien avec d’autres personnes. C’est le point de départ, reprendre confiance en eux-mêmes, et ainsi envisager une autre étape pour renouer avec leur famille, retrouver un travail, entamer des soins de santé… Ici, chacun peut se reconnecter avec des désirs de vie mis en pause par le passage à la rue.
Visite du Musée Guimet
Deux exemples parmi d’autres
Celui de Denis d’abord, arrivé très abimé à la Bagagerie, après une vie d’errance et d’humiliation menée depuis l’adolescence avec un passage par la case prison. Denis a trouvé à la Bagagerie un cadre apaisant. Il a notamment redécouvert les petits moments simples de la vie lors des séjours organisés, qui ont contribué à l’apaiser jusqu’à mettre à jour sa situation administrative et pouvoir enfin se loger.
Sacha a également été accueilli un temps à la Bagagerie. D’origine indienne et très intelligent, il a préféré retourner à la rue. Aujourd’hui il a plus de 70 ans et il est très malade.
Les personnes qui vivent à la rue ont chacune leur histoire. Il est difficile de les amener à se dévoiler.
Le problème d’alcool est souvent présent chez ces personnes. L’effet anesthésiant du début devient une addiction. Ce combat n’est jamais complètement gagné. Notre travail consiste d’abord à écouter sans rien provoquer. Les personnes accueillies restent libres de leurs choix. Certaines personnes ne veulent pas avancer, consciemment ou bien inconsciemment, ou bien elles ont du mal à se projeter… Il ne faut pas les juger mais seulement rester présent pour répondre aux moments d’ouverture qui se présentent.
Cela nécessite de la part des bénévoles un engagement assez actif et exigeant car les situations de vie reçues sont difficiles. Nous faisons notre part en espérant que les personnes accueillies puissent trouver une écoute, un regard ou bien une situation de fraternité qu’elles n’ont pas trouvée dans la rue. Puissent les donateurs de la Fondation Notre Dame les accompagner dans la prière !
Le soutien apporté par la Fondation Notre Dame à la Bagagerie d’Antigel
Grâce à ses donateurs, la Fondation Notre Dame apporte une aide financière régulière à la Bagagerie d’Antigel depuis la création de l’assocation en 2010. Que ce soit pour refaire les papiers d’un bénéficiaire, lui procurer un hébergement d’urgence (dans la cadre d’un Fonds d’urgence) ou, le plus souvent, pour la location et l’entretien du local dans lequel les personnes sans-abri entreposent leurs affaires et viennent se poser et échanger.
Au total, la Fondation Notre Dame a soutenu l’association à hauteur de plus de 220 000 euros. En 2023, 16 000 euros ont été octroyés à la Bagagarie d’Antigel pour :
- L’hébergement d’urgence d’un bénéficiaire afin de l’aider à se stabiliser et à poursuivre son parcours d’insertion ;
- La contribution au loyer.
Photos : FND © DR