Wake Up Café : accompagner la réinsertion avec exigence et bienveillance

Le projet Wake Up Café a germé dans l’esprit de Clotilde Gilbert en 2014, alors qu’elle était aumônière à la prison de Nanterre. Confrontée à l’inaction et à l’enfermement, elle observait leur effet déstructurant et déshumanisant sur les personnes détenues :

« L’inaction, lorsqu’elle se conjugue à l’enfermement, désocialise, déstructure et déshumanise la plupart des personnes détenues que j’y ai rencontrées. C’est curieux quand on sait que la plupart des détenus seront appelés à se réinsérer le jour où ils sortiront de prison ! »

C’est à partir de ce constat que Wake Up Café a vu le jour. Son ambition ? Offrir aux détenus volontaires un accompagnement sur mesure, pour leur permettre de préparer leur réinsertion avec dignité et engagement.

Un engagement fort pour une seconde chance

Parmi les bénéficiaires, appelés ici les wakeurs, Omar, 33 ans, témoigne depuis le site de Montreuil, l’un des dix lieux d’accueil de Wake Up Café en France, soutenu financièrement par la Fondation Notre Dame :

« C’est ma CPIP (Conseillère au sein du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation) qui m’a orienté vers Wake Up Café. Quand elle m’a demandé : « Ça t’intéresserait de tenter l’expérience ? », j’ai tout de suite vu une opportunité de sortir de ces quatre murs ! Mais quand elle m’a tendu la charte d’engagement en me regardant fixement dans les yeux, j’ai compris que c’était un sérieux engagement.

J’ai demandé un peu de temps pour relire attentivement le contrat et mesurer les conséquences de cette signature. Pendant cette semaine de réflexion, j’ai souvent fermé les yeux, et j’ai vu le visage éprouvé de mon père, la confiance de ma mère, l’imploration de ma femme… et surtout, l’innocence qui brillait sur celui de ma fille. C’était il y a cinq ans. Cinq ans que je tiens bon ! Pourtant, même si je suis du genre à aller au bout des choses, ça n’a pas été facile, même avec le soutien incroyable des personnes ici. Il faudrait que toute ma famille et moi partions loin, assez loin de mes anciennes relations… »

Une approche unique, fondée sur l’exigence et la bienveillance

Depuis 2014, bénévoles et salariés de Wake Up Café accompagnent ces wakeurs, détenus sur le point de sortir, qui font le choix de devenir acteurs de leur propre avenir. Le pari est audacieux, mais les résultats sont là : sur les 2 500 wakeurs accompagnés en dix ans, près de neuf sur dix n’ont pas récidivé.

Benoît de Williencourt, responsable du site de Montreuil, explique :

« Selon les wakeurs, ici, c’est comme dans une famille : un équilibre entre beaucoup d’exigence et beaucoup de bienveillance. Notre accompagnement se fait dedans et dehors, et repose sur une charte d’engagement qui lie intimement l’accompagnateur et l’accompagné. Transparence et vérité sont les bases de notre relation : on se dit tout, des deux côtés, sans filtre, mais toujours avec respect.

Surtout, notre accompagnement n’a aucune limite dans le temps : nous voulons rester un repère pour les wakeurs, leur maintenir la porte grande ouverte, quel que soit leur parcours. Beaucoup d’anciens reviennent témoigner de leur réinsertion, et ces récits sont souvent un puissant moteur pour ceux qui viennent d’arriver. »

L’accompagnement de Wake Up Café ne s’arrête pas aux portes de la prison. L’association travaille aussi en amont avec 80 wakeurs encore incarcérés, qui attendent impatiemment leur sortie pour rejoindre le programme. En attendant, le lien est maintenu à travers des courriers, des visites et des ateliers en détention.

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Un réseau de partenaires engagés pour l’insertion

La réinsertion des wakeurs ne serait pas possible sans l’implication des entreprises et partenaires. Plus de 400 organisations soutiennent Wake Up Café en facilitant l’intégration professionnelle des wakeurs, un levier essentiel pour éviter la récidive.

Pauline, engagée depuis deux ans sur le site de Montreuil, raconte son expérience :

« C’est une aventure humaine bouleversante ! Dès mon arrivée, j’ai eu l’impression que les missions de Wake Up Café avaient été conçues pour moi. J’imaginais les wakeurs comme un groupe homogène… mais j’ai découvert une diversité extraordinaire : des primo-détenus et des multirécidivistes, des jeunes et des plus âgés, des personnes illettrées et d’autres très cultivées, des hommes issus des beaux quartiers comme des quartiers périphériques. Et tous ont un point commun : ils doivent tout recommencer, et chaque démarche administrative est un obstacle. C’est là que nous intervenons. »

Wake Up Café, c’est avant tout un engagement : celui de croire en la réinsertion et d’accompagner chaque wakeur vers une nouvelle vie.

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